La soirée annuelle de la Fondation Charles Nicolle s’est déroulée le 6 novembre à l’hôtel de Région de Rouen. Une jolie soirée rythmée par de nombreux témoignages de médecins, de chercheurs, de bénéficiaires de mobilité à l’international…
Maître de cérémonie de la soirée annuelle de la Fondation Charles Nicolle-Normandie, son président Pierre Déchelotte a lancé l’événement en revenant sur les nombreuses actions réalisées durant l’année écoulée.
« La Fondation ouvre une perspective enthousiasmante pour nos équipes, » Stéphanie Decoopman
Directrice générale du CHU de Rouen, Stéphanie Decoopman a souligné le « partenariat exclusif » qui lie la Fondation au CHU de Rouen. « Cette soirée est importante, elle nous permet de nous arrêter sur toutes les actions réalisées en 2025 : soutien aux équipements innovants, à la mobilité… et très prochainement à la prévention. »
Elle a salué « la perspective enthousiasmante que la Fondation ouvre pour nos équipes ».
« Transformer la générosité en progrès et la recherche en espoir », Franck Le Derf
Président de l‘Université de Rouen Normandie, Franck Le Derf a rappelé que « l’Université est l’un des membres fondateurs de la Fondation et qu’elle y a toute sa place car la santé tient une part très importante dans nos formations, ainsi que la recherche. Nous mesurons pleinement le soutien de la Fondation en termes de recherche clinique de pointe et de financement de mobilités de recherche au bénéfice de nos jeunes médecins, chercheurs ou doctorants qui partent chaque année dans les plus grands centres du monde, puis reviennent à Rouen pour en partager les bénéfices ».
Et d’ajouter : « Je veux saluer ce soir le travail engagé par le Pr Pierre Déchelotte et toute son équipe, l’ouverture à la médecine de précision, la place donnée à la prévention et à la communication scientifique. Ces dynamiques rejoignent pleinement celles de l’Université, notamment à travers l’Institut normand de médecine de précision (INMP) que nous portons ensemble avec le CHU. La Fondation Charles Nicolle, c’est la démonstration qu’ensemble, université, hôpital, mécènes… nous pouvons transformer la générosité en progrès et la recherche en espoir ».








La Fondation Charles Nicolle-Normandie abrite cinq Fondations dans des établissements hospitaliers de la Région : Edouard-Isambard Evreux-Vernon, Jacques-Monod Le Havre, CHU Caen-Normandie et Hôpital Mémorial Saint-Lô.
Tour à tour, les représentants de ces fondations abritées ont pu mettre en avant les équipements innovants dont ont bénéficié en 2025 leurs établissements hospitaliers respectifs.
Ainsi, pour Loïc Drévillon, chargé de mission mécénat à la Fondation CHU Caen, « ce réseau de fondations en santé est essentiel. »
A Caen, la Fondation a notamment apporté son soutien à la « médecine nucléraire et théranostique, – compression des mots thérapeuthique et diagnostic -, pour le cancer de la prostate, une technique innovante et ciblée. Le premier patient en a bénéficié au mois de juin dernier, » précise Loïc Drévillon.
Plusieurs bénéficiaires de bourses de mobilité à l’international sont venus témoigner de l’intérêt crucial de ces financements (jusqu’à 30000 euros) qui permettent chaque année à de jeunes médecins ou chercheurs rouennais de poursuivre leur formation dans des établissements de renom et des équipes à la pointe de la recherche.
François Lecoquierre, médecin généticien de retour d’une année de mobilité à Oxford a, comme Kevin Cassinari (actuellement à Essen en Allemagne) et Jean Pinson (chirurgien digestif qui part bientôt pour un an à Sydney (Australie), vivement remercié la Fondation (et son partenaire Capfinances pour certaines allocations), arguant de l’importance cruciale des aides financières « sans lesquelles de telles expériences ne seraient simplement pas possibles ».
Kevin Cassinari, médecin biologiste, maître de conférence des universités, a ainsi a indiqué qu’il avait « la chance de réaliser une année de recherche à Essen en Allemagne dans un laboratoire de génétique reconnu internationalement. Je suis profondément reconnaissant à la Fondation et à Capfinances d’avoir soutenu mon projet. Cette année me permettra d’acquérir des compétences nouvelles, de renforcer les liens scientifiques entre Rouen et mon centre d’accueil et, je l’espère, de faire progresser la prise en charge des patients touchés par ces maladies rares. »
Parmi les lauréats des précédents « appels à projets équipements innovants » de la Fondation, Mathieu Lalevée, chirurgien orthopédiste et traumatologue au CHU de Rouen a bénéficié d’un soutien pour sa thèse de sciences au début de sa carrière sur l’instabilité de cheville, puis a bénéficié du financement d’une mobilité aux Etats-Unis. « J’ai découvert un système complètement différent, au niveau de la recherche, des soins, des mentalités, un enrichissement personnel très important. Plus récemment, avec Nicolas Piton (Praticien Hospitalier, MD PhD Service d’anatomie pathologique, CHU de Rouen), nos parcours se sont rejoints. Le CHU a décidé de mettre en place une délégation médico-administrative à l’innovation. IA, numérique, organisation, paramédical, soins… on a eu une première plénière hier et toute l’équipe est très motivée ! ».
Ému de ces témoignages, le Pr Déchelotte a rappelé que les médecins « prêtent le serment d’Hippocrate, et disent, en substance, « je rendrai aux enfants de mes maîtres l’enseignement que j’ai reçu. Ils sont encore jeunes, mais Mathieu et Nicolas commencent à renvoyer l’ascenseur, à encadrer les plus jeunes et à les encourager à aller vers la recherche et l’innovation « .
Zoé Demailly (médecine intensive et réanimation) a obtenu deux soutiens dans la Fondation ces dernières années. Un équipement innovant, « une petite caméra que l’on met sous la langue, qui permet en temps réel prendre des mesures en direct des flux microcirculatoires et de la densité capillaire », et une mobilité en 2024-2025 à Bruxelles (Belgique) dans le service de soins intensifs de l’hôpital d’Erasme, pionnier de l’étude microcirculatoire en soins critiques. Ces aides ont été déterminantes dans ma carrière, et sur le plan personnel également ».
Pour la première fois cette année, la Fondation a soutenu les Trophées Innov’à soins du CHU de Rouen. Lauréate en octobre, Camille Lenud – assistante sociale en gériatrie et son équipe ont été récompensés pour un « Jeu de l’oie social ».
« On a souhaité trouver le moyen de parler avec les patients de ce qui existe pour eux, à domicile, avant qu’ils en aient besoin. Cela leur laisse le temps de cheminer et de nous solliciter pour les process. Il y a des sujets sensibles aussi, qu’il est important d’aborder avant qu’ils ne surviennent, comme l’entrée en Ehpad, les mesures de protection juridique… Pour faire de la protection sociale, on s’est inspirés des soignants et des rééducateurs du service et on a fait un jeu de l’oie, dans lequel on aborde quatre thèmes sociaux : le logement, le juridique, la santé et le maintien à domicile. Ce qui est fondamental, c’est que les questions sont choisies et adaptées à chaque joueur avant en pendant la partie. Nous les préparons en amont avec l’infirmière. »
Grande satisfaction pour la jeune assistante sociale : « Le jeu commence à nous être demandé par des collègues au plan national. Mais aujourd’hui, ce n’est qu’un prototype. Grâce au prix que nous a offert la Fondation, nous espérons avoir une belle version physique du jeu, mais aussi une version numérique qui permettra de le diffuser gratuitement aux assistantes sociales qui le souhaitent ».
Difficile de partager ici tous les témoignages qui ont rythmé la soirée, mais celui de Benoît Veber, doyen de l’UFR santé à l’Université de Rouen est touchant : « tous mes collègues doyens de France, que je côtoie très régulièrement, m’envient. Ils sont jaloux parce que la Fondation Charles Nicolle est un outil extrêmement agile, extrêmement efficace, pour accompagner nos jeunes dans leurs mobilité, dans leurs projets de recherche, et cela permet d’avoir un CHU, un UFR dynamique avec plein de sang neuf devant nous. Je crois que c’est quelque chose qu’il faut souligner. Moi personnellement, en tant que doyen, je remercie la Fondation pour ce soutien inestimable ».
Au cours de la soirée, les représentants de l’entreprise Lecordier-Siverso ont tenu à offrir à la Fondation un magnifique vase créé par le souffleur de verre scientifique – et Meilleur Ouvrier de France – Charles Lanel pour une opération conduite dans le cadre d’Octobre Rose.
Pour clôturer cette soirée, le Pr Déchelotte a évoqué les grands projets à venir pour la Fondation : soutien à l’Institut normand de médecine de précision, développement de la Prévention, « avec de nouvelles initiatives en lien avec toutes les structures existantes du territoire, appel à projets équipements innovants (déjà lancé) et dont les lauréats devraient être connus en janvier 2026… ».
« Nous restons à l’écoute du terrain, et afin de faire circuler l’information, nous avons mis en place – et allons le réunir très prochainement pour la première fois – un Comité d’orientation stratégique multidisciplinaire avec des enseignants, des chercheurs, des administratifs, pour réfléchir ensemble sur les besoins. Par exemple, l’IA arrive, nous devons être très réactifs dans le domaine de la santé parce que les défis bougent sans arrêt. »
Il a remercié l’ensemble des partenaires, des mécènes et des donateurs sans lesquels rien ne serait possible. « Ensemble, on va plus loin! » a-t-il conclu.