Lucie Houzard… Cork

Lucie Houzard, doctorante en 1ère année de thèse, a récemment été lauréate d’une bourse de mobilité internationale financée par la Fondation Charles Nicolle-Normandie pour partir pendant 2 mois à Cork en Irlande.

Pour commencer est-ce que vous pourriez rapidement vous présenter ?

Lucie Houzard : « Bonjour, je suis actuellement en première année de thèse dans l’unité INSERM 1073, co-encadrée par le Dr Jonathan Breton et le Pr Moïse Coëffier. »

 

Sur quoi porte votre sujet de thèse ?

« Je travaille sur de petites molécules appelées métabolites, produites par le microbiote intestinal (ensemble de micro-organismes qui vivent dans l’intestin). En fait, on sait que chez les patients atteints d’anorexie mentale et du syndrome de l’intestin irritable, la composition du microbiote est déséquilibrée, ce qui modifie aussi les métabolites produits. Je cherche donc à comprendre comment ces métabolites perturbés peuvent participer au développement ou au maintien des différents symptômes retrouvés chez les patients. »

 

Très intéressant ! Et donc qu’est-ce qui vous amène à faire votre mobilité en Irlande ?

« L’équipe dans laquelle je vais travailler possède du matériel de pointe qui me permettra d’approfondir mes analyses. Mes encadrants là-bas pourront donc m’apprendre cette nouvelle technique, ce qui constituera sans aucun doute un plus pour mon CV. »

 

Qu’attendez-vous de votre mobilité ?

« Développer l’aspect international, qui est très important en recherche, perfectionner mon anglais, développer mon réseau, mais aussi vivre une expérience à l’étranger. J’aimerais déjà voir si cela me plaît, dans le cas où je voudrais faire un post-doctorat dans un autre pays. »

 

En quoi l’allocation de la Fondation apportera-t-elle un soutien à votre projet ?

« Cet argent me permettra de financer d’une part ma mobilité, et d’autre part une partie de mon projet.

Concernant la mobilité, il faut savoir que le coût de la vie est très cher en Irlande, comptez 1500€ par mois pour une chambre en collocation. L’argent donné me permettra aussi de couvrir mes frais de transport, il faudra notamment faire un aller-retour pendant ces deux mois à cause des règles liées au VISA.

Concernant le projet, j’ai besoin d’une vingtaine d’anticorps là-bas pour mes analyses, sachant qu’un anticorps coute entre 500€ et 800€. On n’aurait pas pu aboutir à autant d’anticorps si on n’avait pas eu le soutien de la Fondation Charles Nicolle. »

« Si on réfléchit à très long terme, et en fonction des résultats obtenus, mes travaux pourraient mener au développement de nouveaux compléments alimentaires pour soulager les symptômes des patients (probiotiques ou post-biotiques) » – Lucie Houzard

 

Que vont concrètement apporter vos travaux aux patients ?

« Si on réfléchit à très long terme, et en fonction des résultats obtenus, mes travaux pourraient mener au développement de nouveaux compléments alimentaires pour soulager les symptômes des patients (probiotiques ou post-biotiques). Les probiotiques sont des micro-organismes vivants (bactéries ou levures) commercialisés comme promoteurs de la santé lorsqu’ils sont administrés en quantité suffisante, et les post-biotiques sont des substances libérées par des micro-organismes et qui ont un effet bénéfique sur la santé.

Mais bon, tout ça, c’est vraiment à long terme ! »
Propos recueillis par Céline Heel

 

Pour aller plus loin :

La thèse de Lucie Houzard comporte deux parties complémentaires. Une partie in vitro, sur des modèles de cellules exposées à un contexte inflammatoire, durant laquelle divers métabolites ont été testés. Les premiers résultats suggèrent que l’UDCA (acide ursodésoxycholique), un acide biliaire secondaire dérégulé dans l’anorexie mentale et le syndrome de l’intestin irritable, a des effets bénéfiques potentiels sur l’inflammation, le stress oxydant, ou encore la perméabilité paracellulaire.

Ce métabolite a ensuite été évalué in vivo, dans un modèle murin d’anorexie mentale induite par l’activité physique excessive et une restriction alimentaire (Activity Based Anorexia, ABA). Les segments coliques prélevés seront analysés lors de sa mobilité grâce au Cytof XTi Hyperion (le matériel mentionné par Mme Houzard) afin d’approfondir l’étude du microenvironnement cellulaire intestinal.

Un beau début de thèse pour Lucie Houzard, avec une expérience internationale qui lui sera sûrement des plus enrichissantes !