Alexandre Morin

Dr Alexandre Morin… Montréal

Le Dr Alexandre Morin, médecin neurologue, a récemment été lauréat d’une bourse de mobilité internationale financée par la Fondation Charles Nicolle-Normandie pour partir pendant 6 mois à Montréal. Rencontre.

Bonjour ! Pour commencer est-ce que vous pourriez rapidement vous présenter ?

Dr Alexandre Morin : « Oui bonjour, je suis le Dr Alexandre Morin, médecin neurologue, et je travaille à la fois en neurologie au centre mémoire du CHU de Rouen, et en psychiatrie à l’hôpital du Rouvray. De ce fait, je m’intéresse particulièrement à l’interface entre la neurologie et la psychiatrie, notamment à travers l’étude de la démence fronto-temporale. »

Qu’est-ce que la démence fronto-temporale ?

« C’est une maladie neurodégénérative un peu cousine de la maladie d’Alzheimer, et qui se présente parfois comme une maladie psychiatrique. »

Où allez-vous réaliser votre mobilité ?

« Je vais partir en septembre pendant 6 mois à Montréal chez un psychiatre, le Pr Simon Ducharme, qui travaille particulièrement sur cette interaction entre neurologie et psychiatrie dans la démence fronto-temporale. En fait, avec d’autres villes également, nous faisons partie d’un groupe international, le NIC-FTD (Neuropsychiatric International Consortium on FrontoTemporal Dementia), travaillant justement sur ce sujet-là. C’est un groupe qui a notamment pour objectif de discuter de cas cliniques particuliers et de faire de la recherche sur cette maladie. »

Allez-vous aussi exercer en tant que médecin là-bas ?

« Non je n’ai pas les autorisations nécessaires pour exercer au Canada. Donc je ne ferai pas de la médecine, mais juste de la recherche. »

Sur quoi vont porter vos travaux de recherche au Canada ?

« Je vais notamment travailler sur une étude que nous avons d’abord menée ici, au CHU de Rouen. Pour cette étude, nous suivons des patients qui ont des symptômes frontaux et pour lesquels nous ne savons pas si c’est lié à une maladie neurologique ou psychiatrique. Nous leur faisons faire une multitude d’examens médicaux (neurobiologie, imagerie, etc), et puis nous essayons de voir quels résultats de tests pourraient plutôt indiquer une maladie psychiatrique, et lesquels plutôt une maladie neurologique. D’autres centres ont également réalisé ce type d’étude, notamment Amsterdam et puis Montréal. L’idée ensuite est de mettre en commun nos résultats, ce qui est d’autant plus important que ce sont des situations rencontrées assez rarement, donc avec peu de patients, et donc peu de données pour chaque centre. »

Et donc c’est à cause de cette collaboration que vous avez choisi Montréal comme destination ?

« Entre autres oui ! Le psychiatre avec lequel je vais travailler est particulièrement spécialisé dans cette thématique et nous avions déjà eu l’occasion de travailler ensemble. Et puis j’ai aussi choisi Montréal parce que la ville m’intéresse beaucoup ; j’avais déjà réfléchi à partir là-bas il y a quelques années ! C’est un peu une combinaison entre ces deux éléments. »

« Ce projet vise donc à améliorer la précision du diagnostic, réduire l’errance thérapeutique des patients, et adapter plus efficacement les traitements, selon qu’il s’agit d’une origine neurologique ou psychiatrique » – Dr Alexandre Morin

Qu’attendez-vous de votre mobilité ?

« Coté pro, ce serait de renforcer les liens que nous avons déjà avec l’équipe de Montréal et de publier des articles scientifiques, notamment grâce aux données que nous avions déjà recueillies à Rouen. »

Et côté perso ?

« Côté perso, c’est découvrir une autre ville et tout simplement faire de nouvelles expériences, que ce soit pour moi, ou pour mon épouse et mes enfants qui viendront aussi ! Et puis, même si Montréal est une ville francophone, cette mobilité me permettra aussi d’améliorer mon anglais, étant donné que la recherche là-bas se fait essentiellement dans cette langue. »

En quoi l’allocation de mobilité de la Fondation apportera-t-elle un soutien à votre projet ?

« Ce sera un soutien financier important ! L’allocation va notamment financer trois mois de salaire là-bas, avec les trois autres mois qui sont pris en charge par un autre organisme. »

Que vont apporter vos travaux aux patients du CHU de Rouen ?

« Aujourd’hui, les patients présentant des troubles à la frontière entre neurologie et psychiatrie ne sont pas encore assez bien orientés, ce qui mène à une errance diagnostique et thérapeutique, avec des prises en charge parfois inadaptées. Ce projet vise donc à améliorer la précision du diagnostic, réduire l’errance thérapeutique des patients, et adapter plus efficacement les traitements, selon qu’il s’agit d’une origine neurologique ou psychiatrique. »

Une mission à l’international au service de l’amélioration de la prise en charge des patients atteints de démence fronto-temporale, située à la croisée de la neurologie et de la psychiatrie.

Pour aller plus loin :

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7849953/

Propos recueillis par Céline Heel